Témoignage d'une bigoréxique
Le vendredi 20 novembre 2015, nous avons interviewé un professeur de pilâtes à son lieu de résidence, cependant nous souhaitons garder son anonymat par respect pour sa vie privée. Nous avons été accueillies avec beaucoup de convivialité, et après quelques tasses de café remplies, nous nous sommes assis autour de la table. Ce dernier nous a donné quelques informations au sujet de son ancienne compagne qui est atteinte de la bigoréxie.
Son compagnon était chaque soir plus inquiet pour sa santé à mesure qu’elle rentrait de plus en plus tard, exténuée après ses courses. Malgré tout, elle lui assurait que sa routine très chargée était adaptée à son mode de vie et que c’est grâce à ses journées remplies qu’elle se sent satisfaite. Elle était constamment dans le besoin d’activité physique et tout le temps mal à l’aise sans sa routine spécifique, ce qui peut expliquer le comportement anxiogène que notre interviewé nous raconte quand elle est partie en vacances et n’a pas eu la possibilité de se livrer à son sport de tous les jours.
Notre sujet était, et est toujours, dans le déni de sa dépendance au sport, mais le professeur de yoga interviewé nous a dit que sa petite amie lui avait tout de même avoué un jour, épuisée, qu’elle en était dépendante. Dès lors, son compagnon n’a jamais pu aborder le sujet une nouvelle fois car elle a nié toute confrontation et devenait très agressive sur le sujet.
Par la suite, il a ajouté que sa petite amie refusait de reconnaitre son épuisement et le fait qu’elle avait dépassé ses limites en disant qu’elle était heureuse, alors que physiquement et émotionnellement, son compagnon voyait bien qu’une anormalité était bien présente. Lui-même a comparé son ancienne compagne à une personne masochiste, il nous a livré le fait qu’elle aime la douleur, se faire du mal et refuse de ressentir la douleur émotionnelle, celle-ci est donc remplacée dans son cas par une douleur physique. Ainsi, après la rupture du couple, elle lui a avoué qu’elle allait courir pour faire passer la douleur émotionnelle, pour oublier ses problèmes et ne pas être stressée.
La petite amie du professeur de yoga voit le sport comme sa source principale de bonheur, mais ce qui la pousse par-dessus tout à cette dépendance est l’obsession de son image physique. En effet, la perfection est indiscutable pour elle, ainsi cela la force à se soucier constamment de son physique et du regard des autres. Elle se pèse tous les jours et possède une montre qui calcule toutes les calories perdues durant la journée ainsi que la nuit pour qu’elle puisse ensuite vérifier les calories gagnées par la nourriture en fonction des résultats. Elle est obnubilée par son physique et ne s’occupe uniquement de cela, laissant tout le reste de côté.
Notre professeur de pilâtes a conclu en disant que cet attachement excessif au sport a changé son ex-compagne au niveau social. Celle-ci est divorcée, ne mange que de la nourriture qu’elle s’est cuisinée et fait passer ses séances de sport quotidiennes avant sa vie sociale.
" Elle pouvait courrir plus de dix kilomètres par jour "
Cette femme est, de même, une coach de yoga et donne des cours tous les jours dans une salle de gym. Elle est très perfectionniste dans tout ce qu’elle entreprend, notamment à propos de ses activités physiques, et se soucie constamment de l’image physique qu’elle reflète. Ses journées se déroulent ainsi : un réveil à 5h30, suivi par un cours de yoga intensif appelé « sangha » le matin où elle se rend en traversant Londres, puis elle se rend directement dans son studio après un petit-déjeuner équilibré pour donner six heures de cours par jour sans s’autoriser de pause. Une fois ses cours finis, elle se rend à une leçon de photographie avant de terminer sa journée par une course à pied qui peut être longue de plus de 15 kilomètres. Elle courait tous les jours de plus en plus, repoussant ses limites à chaque fois.