Les répercussions physiques de la bigoréxie
Comme dans tout cas d’activité sportive trop intense, les blessures sont nombreuses chez les bigoréxiques.
Nous avons interviewé un kinésithérapeute qui travaille dans la Cité de Londres, le centre d’affaires, et qui est spécialisé dans le domaine des blessures liées au sport. Il a accepté de répondre à nos questions concernant des patients qu’il avait traités ainsi que leur état d’esprit lorsqu’ils étaient blessés.
Le kinésithérapeute traite des personnes qui travaillent toutes dans la Cité et qui viennent le consulter, soit pour prévenir des blessures liées au sport qu’ils pratiquent quotidiennement, soit pour en guérir. Selon lui, 99% de ses patients de la Cité sont bigoréxiques. En effet, beaucoup d’entre eux sont soumis à de grosses pressions liées au travail et doivent ainsi les libérer par un moyen ou un autre. Beaucoup choisissent le sport pour évacuer le stress. Ainsi, devenant pour eux une source de détente quotidienne ils seront dépendants au sport plus vite qu’ils ne le pensent, puisqu’ils ne pourront plus s’en passer.
Kinésithérapeute de profession, il nous indique dans un premier temps, quels sports pratiqués par ses patients engendrent le plus de blessures. Les hommes en Angleterre font souvent du rugby, un sport qui est très violent et cause de graves blessures, mais il nous confirme que la course à pied pratiquée autant par les hommes que par les femmes engendre le plus de blessures. Sport sans équipement nécessaire et facile à pratiquer dans son temps libre, il mentionne par exemple que les femmes se mettent à courir une fois leur maternité finie pour rapidement perdre le poids gagné au cours de leur grossesse, ce qui est très dangereux pour leur santé. En effet, la course à pied, le sport dans lequel les bigoréxiques s’investissent le plus, devient de plus en plus « à la mode » et est un sport valorisé et encouragé par la société d’aujourd’hui, mais nous savons que ce type de sport est responsable d’entre 8 et 20% des blessures de sportifs.
La course à pied devient véritablement source de blessures pour ceux courants plus de 40 km par semaine. Ils font face à un taux de chance d’en avoir de plus de 30%. Les blessures engendrées sont localisées majoritairement au genou et sont appelées en anglais « runner’s knee injury ». Cette blessure peut se développer en seulement 3 mois et consiste d’un frottement anormal de la rotule dû à un exercice excessif. Elle n’est pas d’une grande gravité mais très fréquente et demande entre 6 et 8 semaines de repos. Certains coureurs sont aussi sujets à ce qu’on appelle des « fractures de fatigue ». C’est une mini fracture au niveau de l’os souvent au pied ou dans le tibia. Bien que la fracture ne soit pas si grave, elle mène très souvent à de vraies fractures qui sont, elles, très longues à guérir.
D’après notre kinésithérapeute, beaucoup de sportifs amateurs pourraient éviter la majorité de leurs blessures s’ils écoutaient leur médecin et ne se rapportaient pas qu’à leur jugement personnel ou aux conseils écrits sur internet qui sont bien souvent faux. En effet, les blessures dépendent aussi beaucoup de la génétique. Deux personnes pourraient pratiquer la même intensité d’effort physique pendant une même durée de temps et seulement l’une d’entre elle pourrait se blesser. Un corps peut être plus ou moins résistant à une activité physique intense qu’à une autre.
Malgré cela, les nombreux sportifs dépendants n’en font qu’à leur tête et continuent à courir même s’ils ressentent une douleur. Notre kinésithérapeute, que l’on a interviewé un mardi soir, nous a cité un des dialogues échangés avec un patient qui s’est blessé gravement au genou pendant un marathon de 40 km et qui a tout de même continué les 10 km qui lui restaient malgré la blessure et la douleur :
-(médecin) « Pensez-vous que cela valait le coup de continuer à courir dans votre état ? »
-(patient) « Ça vaut toujours le coup ! »
Cette attitude est typique d’un individu qui souffre de la bigoréxie.